Avant de commencerNotions et activités préliminaires

Nous allons essayer de tirer des résultats de Cramer une formule générale permettant de définir le déterminant associé à un système de taille quelconque. Pour alléger les notations, nous raisonnerons sur les matrices associées aux systèmes.

Rappelons les expressions que Cramer a associées à des systèmes/matrices de tailles 2 et 3 :[math][math]Ajoutons l’expression obtenue pour une matrice de taille 4 :[math]

Permutations

Les 3 expressions ont déjà un point commun : elles sont toutes des sommes de produits de [math] coefficients différents de la matrice, où [math] désigne la taille de la matrice.
En étudiant plus précisément les différents facteurs, on constate que chaque produit est constitué de [math] coefficients situés sur des lignes et des colonnes différentes de la matrice. En terme d’indices, on peut exprimer cela à l’aide de bijections :

  • le produit [math] est associé à la bijection de [math] définie par [math], [math] ;
  • le produit [math] est associé à la bijection de [math] définie par [math], [math], [math] ;
  • le produit [math] est associé à la bijection de [math] définie par [math], [math], [math], [math].
Activité

Pour [math], notons [math] l’ensemble [math] et notons [math] l’ensemble des bijections de [math] vers [math] (appelées permutations).
Quel est le cardinal de [math] ? Comparer ce résultat avec nos trois expressions.

[math]. Nos 3 expressions sont à chaque fois une somme de [math] termes. Autrement dit, les termes sont obtenus en considérant toutes les bijections possibles de [math].

Écriture en cycles disjoints

Il faut maintenant comprendre les signes attribués aux différents termes des expressions. Remarquons déjà que dans chaque cas, la moitié des termes est doté d’un signe [math] et l’autre moitié d’un signe [math]. Afin d’établir une conjecture, nous proposons une certaine façon de décrire les bijections de [math] : la décomposition en cycles disjoints.

Pour décrire une permutation, on part d’un élément de [math], on considère son image par la permutation, puis l’image de cette image, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’on revienne à l’élément initial. On a ainsi décrit un cycle de la permutation. Si on décrit tous les cycles de la permutation, on décrit complètement la permutation.

Prenons par exemple la bijection de [math] définie par [math], [math], [math], [math]. Partons de 1 : son image est 2, l’image de 2 est 4 et l’image de 4 est de nouveau 1. Il y a un second cycle correspondant au fait que 3 est envoyé sur 3. Cette permutation sera notée [math]. On schématise ainsi l’action de la permutation : [math]. L’absence de 3 dans la notation signifie qu’il est laissé fixe par la permutation.

De la même manière la permutation de [math] définie par [math], [math], [math], [math], [math] sera notée [math], ou de manière équivalente [math] ou encore [math].
La permutation définie par [math], [math], [math], [math], [math] sera notée [math].
La permutation qui laisse fixe tous les éléments de [math] devrait être notée par un cycle vide. Nous la noterons simplement [math] puisqu’il s’agit de l’application identité de [math].

Activité

Déterminer les notations en cycles disjoints des permutations de [math] suivantes :

  • [math], [math], [math], [math], [math], [math] ;
  • [math], [math], [math], [math], [math], [math] ;
  • [math], [math], [math], [math], [math], [math] ;
  • [math], [math], [math], [math], [math], [math].

[math] ; [math] ; [math] ; [math].

Signature d’une permutation

Reprenons maintenant nos expressions et rangeons dans un tableau les différents termes, les bijections associées écrites sous forme de cycles disjoints et leurs signes attribués :[math]

Activité

Établir le même tableau pour [math].
Proposer une conjecture sur le signe attribué à chaque produit en fonction des longueurs des cycles intervenant. Le signe [math] attribué à une permutation est appelé signature de la permutation.

On attribue la valeur 1 à un cycle de longueur impaire et [math] à un cycle de longueur paire. Pour une permutation composée de plusieurs cycles, le produit de ces [math] fournit le signe attribué à la permutation.

En conclusion, on peut désormais proposer une formule générale pour le déterminant : le déterminant d’une matrice de taille [math] est défini comme la somme des [math] produits possibles de [math] coefficients situés sur des lignes et colonnes différentes affectés d’un signe [math] donné par la signature de la permutation associée.

Activité

Dans le calcul des déterminants de matrices de tailles 5, 6, 7, quel signe attribuera-t-on aux termes suivants :[math]

Le premier terme est associé à la permutation [math]. C’est un cycle de longueur paire, donc sa signature est [math].
Le second : [math]. Sa signature est [math].
Le troisième : [math]. Sa signature est [math].
Le dernier : [math]. Sa signature est [math].

Définition classique de la signature

La signature d’une permutation est en général présentée d’une manière un peu différente (mais parfaitement équivalente). Toute permutation de [math] peut s’obtenir en échangeant successivement 2 éléments de [math]. Par exemple, la permutation [math], [math], [math] que nous avons notée [math] peut s’obtenir en échangeant [math] et [math] puis en échangeant [math] et [math], c’est-à-dire en composant ces deux permutations : [math].

La signature d’une permutation est alors définie par la parité du nombre d’échanges nécessaire. Sur notre exemple, il y a deux échanges et la signature est donc [math]. On aurait cependant pu obtenir cette même permutation en utilisant d’autres échanges : [math] puis [math] : [math]. Mais la parité reste la même et la signature reste [math]. Cela reste vrai de manière générale.

Reprenons le premier exemple de l’activité précédente. La permutation est le cycle [math]. On peut l’obtenir en échangeant successivement [math], [math] et [math]. Il y a 3 échanges et la signature est donc [math]. On aurait également pu obtenir cette permutation en échangeant successivement [math], [math], [math], [math] et [math]. Cela fait 5 échanges et la signature est bien [math].

Activité

Retrouver les signatures des trois autres permutations de l’activité précédente en les décomposant en échanges d’indices successifs.

La seconde permutation peut par exemple s’obtenir ainsi : [math]. Il y a 4 échanges, la signature est [math].
Pour la troisième : [math] et la signature est [math].
Pour la dernière : [math] et la signature est [math].